Résumé

Alors que la sexualité constitue l’un des aspects de la qualité de vie les plus problématiques pendant et après un cancer, les soignant·e·s peinent à aborder cette thématique avec les patient·e·s. Notre enquête menée auprès d’infirmier·e·s exerçant au sein de services d’oncologie révèle que loin des préceptes de l’« approche globale », valeur centrale du rôle infirmier qui implique la prise en charge des patient·e·s dans l’intégralité de leur rapport à la santé, l’abord de la sexualité est rare. Si plusieurs éléments contribuent à ce tabou (e.g. les conditions de travail, le manque de formation), nos résultats montrent que la compréhension des socialisations hors travail (e.g. familiale, religieuse) et des biographies affectives et sexuelles des soignant·e·s est particulièrement féconde pour saisir ses tenants. Les propensions à parler de sexualité sont indissociables des dispositions sociales façonnées sur une longue durée qui influent la manière dont les individus investissent leur rôle de professionnel·le de santé.

Although sexuality is one of the most problematic dimensions of quality of life during and after cancer, healthcare professionals struggle to address this issue with patients. Our survey of nurses working in oncology departments shows that, far from the precepts of the “global approach”, a central value of the nursing role which involves caring for patients in their entire relationship to health, sexuality is rarely addressed. While several elements contribute to this taboo (e.g. working conditions, lack of training), our results show that understanding the out of work socialisations (e.g. family, religious) and affective and sexual biographies of careers is particularly fecund for grasping its ins and outs. Propensities to talk about sexuality are inseparable from social dispositions shaped over a long period of time that influence the way in which individuals invest their role as health professionals.

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