Résumé

Que ce soit depuis l’anthropologie sensorielle (Le Breton, 2013), l’histoire du sensible (Haroche, 2008), ou celle des techniques, et des imaginaires qu’elles véhiculent (Gras, 2013) les constats de divers chercheurs se rejoignent : les innovations techniques transforment le rapport au corps, et de fait, le rapport à soi, à l’autre, au monde. Corps surnuméraire, transformation de la subjectivation, corps fragiles à performer, disparition du physique charnel sont les prémonitions de ces auteurs. Toutefois les discours s’arrêtent souvent sur cet état des lieux, sans entrer plus spécifiquement dans l’étude des représentations et des actes des ingénieurs et concepteurs qui façonnent ces nouvelles corporalités. Comment le corps est-il pensé dans les processus d’innovation? Comment se façonne « l’humanisation » dans la construction des nouvelles technologies? Quelles transformations du sensible implique-t-elle ? La description de divers projets d’innovation technologique auxquels j’ai participé permettra de comprendre comment les nouveaux acteurs de l’innovation pensent l’humain, le corps, le sensible ; comment contribuent-ils à un processus de désincarnation, d’un corps sans chair, sans « pesanteur ». C’est bien un corps conceptuel, non virtuel qui est au cœur de l’innovation.

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