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Abstract

Existe-t-il meilleur moyen que le témoignage, le recueil des pensées de celui qui réfléchit sur sa pratique d’ethnologue des techniques depuis plus de trente ans, pour explorer les « techno-graphies » ? Son parcours lui est propre, il est atypique. Mais il accompagne l’évolution épistémologique et méthodologique des pratiques des « spécialistes des techniques ». Le sien se caractérise par la recherche incessante, depuis ses débuts d’ethno-archéologue, de nouveaux « outils » pour mieux saisir, comprendre et (re)produire les pratiques techniques comme pratiques sociales. Sur son chemin, d’autres chercheurs, fouineurs et poètes de la réalité humaine l’ont croisé, et ont construit avec lui. Philippe Geslin raconte comment il a mis à l’épreuve de ses terrains les concepts et outils issus des débats théoriques et méthodologiques qui naissaient dans les années quatre-vingt autour de la technologie culturelle. Ces expériences l’ont amené, dans les années quatre-vingt-dix, à se rapprocher de l’ergonomie et des sciences cognitives. Il passe alors des chaînes opératoires à l’analyse de l’activité, ouvrant de facto à de nouveaux modes de voir, et capturer les pratiques techniques. À l’intersection de ces deux visions, il développe avec Alain Wisner l’anthropotechnologie. En 2007, l’institutionnalisation de l’anthropotechnologie par la création au sein de la Haute École Arc à Neuchâtel du laboratoire EDANA ainsi que les multiples projets appliqués développés par cette équipe génère une dynamique mêlant expérimentation et réflexion autour des outils de restitution et d’analyse, dans une perspective applicative et prescriptive. Création de plateformes interactives pour la restitution des savoir-faire, création d’un FabLab, projet d’éditions en ethno-photographie ont été mis à l’épreuve. À travers le récit de P. Geslin, on comprend que les formes d’analyse et de restitution ne peuvent être considérées en dehors d’un contexte, d’une demande, d’une ambition. Chacun supposant des « formes » différentes. Mais toutes ont en commun la nécessaire compréhension de et par les corps. Au fil des ans, les technographies de Philippe Geslin se sont faits de plus en plus sensibles, dans l’implicite comme dans l’explicite. La photographie, qui a toujours été pour lui un vecteur, devient alors centrale, – contraste et subtilité, étrangeté et évidence (Laplantine 2017). La vidéo également, est utilisée sans fard, sans montage. Il revient alors à une forme « primitive » de l’ethnographie : le sentir, le ressentir, le montrer. Chemin qui culmine avec la mise en scène de ses terrains par Macha Makeieff, qui le prend lui-même comme objet d’étude. En le mettant en scène l’ambition est de montrer l’ethnologie en train de se faire.

Is there a better way than the testimony, the collection of thoughts of the one who reflects on his practice as a techniques’ ethnologist for more than 30 years, to explore the “echno-graphies”? This trajectory is his own, it is atypical. But it accompanies the epistemological and methodological evolution of the practices of the “specialists of the techniques”. His is characterized by the incessant search, since his beginnings as an ethno-archaeologist, of new “tools” to better capture, understand and (re-) produce technical practices as social practices. On his way, other researchers, “snoopers” and poets of human reality have come across him, and built with him. Philippe Geslin relates how he field-tested the concepts and tools from the theoretical and methodological debates that emerged in the 1980s around Cultural Technology. These experiences brought him in the 90s, to get closer to ergonomics and cognitive sciences. He thus passes from operating chains to analysis of the activity, opening in fact to new modes of seeing, capturing the technical practices. At the intersection of these two visions, he develops anthropotechnology, with Alain Wisner, as a “disciplinary field”. The anthropotechnology institutionalization in 2007 through the EDANA laboratory at the Haute École Arc in Neuchâtel, Switzerland, and the many applied projects developed by this team, thus generates a dynamic that mixing experimentation and reflection around the tools of restitution and analysis in an applicative and prescriptive perspective. Creation of interactive platforms for the restitution of know-how, creation of a FabLab, project of editions in ethno-photography were tested. Through his story, it is understood that the forms of analysis and restitution cannot be considered outside a context, a request, an ambition. Each assuming different “forms”. But all have in common the necessary understanding of and by the bodies. In recent years, those forms created by Philippe Geslin have become more and more sensitive, implicit and explicit at the same time. Photography, which he has always used, becomes central. Contrast and subtlety. Strangeness and evidence (Laplantine, 2017). He also uses video, unvarnished, without editing. He thus returns to a “primitive” form of ethnography: feeling, sensing, showing. Path that culminates with the staging of his fields by Macha Makeieff, who takes him as an object of study. In staging him, the ambition is to show the ethnology in action.

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