Résumé

L’objectif de cet article est de s’interroger sur la place qu’ont les solidarités informelles dans le dispositif d’aide à la vieillesse qui, en Suisse, est fortement ancré autour du maintien à domicile. La réflexion se construit en partant du point de vue, encore peu exploré, de l’aidé. Les données sont à la fois quantitatives et qualitatives et portent sur un échantillon de personnes âgées de 80 ans et plus vivant à domicile dans le canton du Tessin. Une large majorité bénéficie du soutien d’un ou de plusieurs proches ; un support qui s’exprime avant tout dans la présence et dans des tâches plus pratiques et ponctuelles telles que les courses, le transport et les aides administratives. Plus présente chez les aînés insérés dans un réseau filial, cette aide reste pourtant déterminée non pas par l’existence d’une descendance, mais par celle de contacts directs d’une certaine fréquence et, par conséquent, d’une proximité géographique entre aidant et aidé. Si elle suscite généralement des vécus positifs, l’aide intergénérationnelle peut aussi générer des contradictions : d’une part du fait que, face à des besoins majeurs, on souhaiterait compter sur la présence de ses enfants, d’autre part en raison de la volonté de respecter l’autonomie de ceux-ci. Une reconnaissance institutionnelle majeure de l’aide des proches – par l’introduction d’aides financières et de congés universels – pourrait contribuer à réduire ce sentiment d’ambivalence, tant chez l’aidant que chez l’aidé.

The aim of this article is to examine the role of informal care within the elderly care system in Switzerland, which is strongly oriented by a “stay at home” policy. It focuses on a still neglected perspective, that of the care receiver. The data are both quantitative and qualitative, and they relate to a sample of people aged eighty and over living at home in the canton of Ticino. A large majority benefit from informal care provided by one or more relatives; a form of support that is both relational and shown through practical and one-off tasks such as shopping, transportation, and administrative help. This care, which is more present among elderly people with children, is nevertheless determined not by the existence of offspring but by the existence of direct and frequent contact, and, therefore, geographical proximity, between caregiver and care receiver. Intergenerational care is normally associated with positive feelings, but it can also raise contradictions. On the one hand, there is a desire to be able to count on one’s children when one is in great need. On the other hand, there is a will to respect their autonomy. A more significant institutional recognition of family caregiving—through the introduction of financial assistance and universal leave—could help to reduce this feeling of ambivalence, both for the caregiver and the care receiver.

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