Résumé

En se concentrant sur les grandes entreprises et les entreprises de haute technologie, les recherches sur l’Innovation Ouverte (IO) ont largement contribué au développement d’une vision optimiste de l’IO. Cet article vise à prendre le contrepied de ces travaux en s’intéressant à la face cachée de l’IO ou son côté sombre, dans le contexte des petites et moyennes entreprises (PME). L’objectif est d’identifier les barrières à l’innovation ouverte des PME en considérant leur mode d’IO (inbound, outbound ou coupled). L’analyse qualitative s’appuie sur sept études de cas de PME actives dans deux secteurs d’activité d’importance croissante mais aux effets contrastés en termes d’innovation : le secteur du numérique et celui de l’économie sociale et solidaire (ESS). Les résultats montrent que les PME se confrontent à davantage d'obstacles internes que d'obstacles externes lorsqu’elles innovent de manière ouverte. Les barrières internes comprennent les trois obstacles "traditionnels" à l’IO (manque de ressources financières, manque de temps et déficit de compétences et d'expertise), qui représentent également et paradoxalement la principale motivation des PME pour ouvrir leur processus d'innovation. La quatrième barrière interne à laquelle sont confrontées les PME est d'ordre culturel. Les barrières externes sont, quant à elles, principalement liées aux difficultés de trouver un partenaire externe. Elles reflètent un manque de proximités sociale et cognitive entre les PME et leurs partenaires. Enfin, si les obstacles identifiés ne varient pas par nature selon le mode d'IO, ils varient en termes d'intensité. Les barrières internes sont perçues plus fortement lorsque les PME font l'expérience du mode inbound. Les barrières externes liées au manque de proximités sociale et cognitive semblent plus fortes dans le mode coupled. Enfin, des contingences sectorielles sont également observées, les PME du secteur social étant beaucoup plus sujettes aux barrières culturelles et sociales, reflétant ainsi le "syndrome de la tribu".

By focusing on large and high-tech companies, research on Open Innovation (OI) has greatly contributed to the development of an optimistic view of OI. This article aims to challenge this dominant view by examining the hidden side or "dark side" of OI in the context of small and medium-sized enterprises (SMEs). The objective is to identify the barriers that SMEs encounter when they openly innovate according to their OI mode (inbound, outbound or coupled). The qualitative analysis is based on seven case studies of SMEs active in two sectors of growing importance but with contrasting effects in terms of innovation: the digital and the social economy (SE) sectors. Results show that SMEs face more internal barriers to OI than external ones. The internal barriers include the three « traditional » barriers to OI (lack of financial resources, lack of time and deficit of skills and expertise) which also represent SMEs’ primary motivation to open their innovation process. The fourth internal barrier faced by SMEs is the cultural one. External barriers are mainly related to the difficulties of finding an external partner. They reflect a lack of social and cognitive proximities between SMEs and their partners. While the barriers identified do not vary by nature according to the OI mode, they vary in terms of intensity. Internal barriers are perceived more strongly when SME experience the inbound OI mode. External barriers related to the lack of social and cognitive proximities seems stronger in the coupled mode. Finally, sectoral contingencies are also observed since SMEs in the social sector are much more prone to cultural and social barriers, reflecting the « tribe syndrome ».

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