Résumé
Le cirque de Narderan situé au sud-est de la pointe
du Reculet est un « hot-spot » floristique de la
montagne jurassienne. La diversité du tapis végétal et
la topographie du secteur favorise également depuis
les années 1980 la présence régulière d’une population
de chamois importante. La présence d’un alpage dans
le creux du cirque pourrait refouler les chamois sur
des secteurs plus escarpés inaccessibles aux bovins,
donc augmenter la pression de consommation sur des
associations végétales riches en espèces patrimoniales.
Afin de vérifier l’impact éventuel de cet herbivore
sur la végétation, une analyse de son comportement
alimentaire a été menée à travers 3 approches
complémentaires : des observations éthologiques
directes, un suivi de l’abroutissement et des analyses
génétiques des ADN végétaux contenus dans les fèces.
Au cours des observations directes de juillet 2010,
les chamois se sont essentiellement nourris sur les
communautés à lasers du Campanulo-Laserpitietum et à
Seslerio-Laserpitietum, en dehors de l’enclos délimitant
pâturage. Chamois et génisses n’ont donc partagé, ni le
même espace, ni le même comportement alimentaire.
D’après le suivi de l’abroutissement mené en été 2013
sur la première de ces associations végétales, le dactyle
aggloméré et le laser à large feuilles représentaient
ensemble près de 40 % des plantes abrouties dans les
placettes. Les analyses génétiques de 114 crottes de
chamois récoltées entre début août et début octobre
2014 révèlent toutefois un régime alimentaire plus varié
et un peu différent. Les taxons dont l’ADN est présent de
manière fréquente dans les crottes appartiennent aux
familles des cistacées, puis des fabacées. L’appétence
élevée des poacées et des fabacées est reconnue.
En revanche, l’occurrence élevée des cistacées est
probablement à mettre en lien avec la consommation de
l’hélianthème, espèce lignifiée peu digeste.