À l’inverse d’une esthétique comprise comme lieu de désintéressement, d’un art séparé des enjeux et des luttes de l’expérience réelle, le projet de la performance, lorsqu’il manifeste un désir d’inscription de l’art au sein de la vie, situe l’esthétique au cœur d’une pédagogie se donnant pour objectif l’amélioration de nos capacités d’apprentissage en approfondissant la conscience et l’usage que nous avons de notre « corps-esprit » (pour reprendre la terminologie de John Dewey). Si l’on considère la performance comme une situation construite – située, contextualisée, conduite, alors il faut pour comprendre toute performance engager une déconstruction. « Instructions » est le nom que l’on peut donner à l’ensemble de règles produit pour la construction d’une situation de performance. Pour situer les enjeux d’une performance, on doit donc étudier le jeu des instructions induit par toute situation construite, au point même d’envisager les propriétés de toute construction sous le régime de ces règles du jeu, qu’elles soient ou non écrites. Une instruction « donne des moyens pour », fournit « un équipement ». Elle désigne ce qui sert à instruire, le texte et le précepte sur lesquels s’appuient de nombreuses performances à travers les explications verbales ou écrites que l’on se donne ou que l’on distribue à une ou des personnes chargées de les mettre en actes – dans le rôle dévolu à tout énoncé engageant à la production d’une action où se lie une idée à sa réalisation –, mais aussi à tout script ou à tout scénario, quel que soit son moyen de diffusion (texte, image, son)…