Résumé

Cet article analyse les modes de vie mobiles d’individus privilégiés ayant adopté un mode de vie multirésidentiel dans une station renommée des Alpes suisses : Verbier. D’un côté, les nouvelles formes de mobilité dans le travail, l’habitat et les loisirs brouillent les frontières classiques entre vie privée et vie professionnelle, ici et ailleurs, hôte et visiteur. De l’autre, elles s’érigent en signe de prestige, reproduisant des distinctions de classe entre pratiques et représentations de l’espace montagnard. Les modes de vie mobiles observés — principalement la multirésidentialité — renvoient au capital social, symbolique, culturel et économique d’une classe moyenne supérieure dite créative. Ils se traduisent par la flexibilité de séquences du quotidien autrefois bien distinctes (activité/repos) et l’amalgame des qualités y étant relatives (sérieux/décontracté). À la fois inégalement accessible aux différents acteurs sociaux et réponse à une tendance normalisatrice plus générale, la mobilité multirésidentielle permet, en tant que notion anthropologiquement bonne à penser, d’étudier le processus d’embourgeoisement en cours dans la zone alpine.

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