Résumé

En novembre 2019, le Sleep-In, une structure d’hébergement d’urgence de la région de Lausanne, a proposé à des personnes sans-abri un hébergement provisoire dans un bâtiment de l’avenue du Simplon voué à la démolition. Grâce à un contrat de prêt à usage avec les CFF et signé par l’ALJF, 56 personnes, dont 11 enfants, des familles, des personnes âgées, qui se trouvaient depuis longtemps à la rue, ont trouvé un répit dans 23 appartements de 1 à 3 pièces. Ce répit prendra fin en juin 2021. La vie entre hébergements d’urgence et rue est indigne. Elle épuise, expose à toutes sortes de dangers, interdit de trouver un emploi fixe et de scolariser ses enfants. Le logement d’urgence, tout nécessaire qu’il soit, n’est pas à terme une solution. Le logement d’abord, c’est la solution expérimentée actuellement en Europe et ailleurs, et désormais à Lausanne grâce à l’action du Sleep-In. Le projet a permis de favoriser la stabilisation d’une partie des personnes sans abri de la région lausannoise. Les personnes logées dans le cadre du projet Simplon ont été choisies parce qu’elles étaient en situation d’opérer une transition vers un logement ordinaire : elles sont Suisses, ou elles ont un permis de séjour, ou de bonnes chances d’en obtenir un, elles ont un emploi, plus ou moins stable, ou des revenus de l’AVS, ce sont des familles. Les locataires, encadré·es par le personnel du Sleep-In se sont engagé·es à payer les charges, 150 fr. par mois par personne, à savoir la même somme qu’auraient coûté 30 nuits en hébergement d’urgence nocturne. Hormis quelques problèmes au début, liés à des articles de presse malveillants, aucun problème n’est apparu avec le voisinage. Les locataires ont pris possession de leur appartement, s’y sont installé·es, ont pu retrouver un foyer, vivre comme on vit dans un immeuble locatif. Le soulagement était palpable. La pandémie de Covid-19 est hélas venue perturber ce projet. Les locataires qui avaient un emploi l’ont le plus souvent perdu, celles et ceux qui en cherchaient ont rapidement perdu leurs illusions. Les fermetures de chantiers, l’absence de travail et les débauches ont touché durement ces locataires. Des besoins élémentaires – manger, se chauffer – n’ont plus pu être toujours complètement couverts, il a fallu trouver des solutions, une solidarité entre locataires s’est développée, le soutien du Sleep-In a dû s’intensifier. Le bilan de cette expérience, malgré la pandémie de Covid-19, montre l’intérêt des politiques sociales de (re)logement. Disposer d’un toit a en effet permis aux locataires de se reposer, d’être assuré·es de dormir à l’abri le soir, de cesser de courir d’un abri d’urgence à l’autre, et leur a donné la possibilité de se concentrer sur autre chose que la survie : s’occuper de leur situation administrative, scolariser les enfants, régler des dettes, contracter des assurances maladie, régulariser leur situation. Mais aussi : être locataire, avoir de l’intimité, devenir un passant, prendre du plaisir à se promener dans la rue, redevenir, comme ces personnes le disent, des êtres humains. Cette expérience extraordinaire de retour à l’ordinaire est relatée en détail dans le rapport de la Haute école de travail social et de la santé de Lausanne (HES-SO) présenté ci-dessous. Le projet Simplon s’achèvera en juin 2021 en raison des travaux de la Gare CFF. Il est urgent que d’autres projets de logement d’abord se développent dans la région lausannoise, avec l’aide des autorités communales et cantonale.

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