Résumé

La Pastorale sociale et de rue de Renens (Pastorale) et le Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers (CVSSP), en collaboration avec le Service de la Cohésion sociale de la ville de Renens, ont organisé avec des fonds de la Chaîne du Bonheur une distribution d’argent aux personnes de l’Ouest lausannois confrontées à des difficultés financières suite aux mesures prises pour endiguer la pandémie de Covid-19. La population visée était celle des personnes sans permis de séjour en Suisse, ou au risque de le perdre si elles demandent l’aide publique. Une première distribution a été réalisée entre le 20 mai et le 13 juillet 2020, une seconde entre le 1er décembre 2020 et le 2 février 2021. 142 personnes différentes ont été aidées durant les deux permanences. La Haute école de travail social de la santé Lausanne (HES-SO) a été mandatée pour décrire les situations, les besoins et les ressources des personnes aidées durant la seconde permanence, et pour formuler des recommandations. Les 78 personnes aidées lors de la deuxième permanence sont pour l’essentiel des personnes sans statut légal en Suisse ou dont le statut pourrait être mis en question si elles demandaient l’aide sociale publique, et elles habitent pour la plupart dans l’Ouest lausannois. Deux bénéficiaires sur trois sont des femmes, leur âge moyen se situe autour de la quarantaine, la personne la plus âgée a 67 ans et la plus jeune 21 ans. Ces personnes viennent principalement de pays hispanophones, mais également du Brésil, du Portugal, de Turquie, d’Europe de l’Est ou d’un pays d’Afrique. En moyenne, ces personnes vivent en Suisse depuis 4 ans. La fourchette est cependant très large, puisqu’elle va de 1 mois à 25 ans. Pour les 75 personnes où la situation de famille est documentée, 41 vivent dans un ménage d’une personne (dont deux femmes enceintes), 15 dans un ménage de 2 personnes (dont une femme enceinte), et 19 dans un ménage de plus de 2 personnes (max. 6 personnes). La plupart des personnes sont venues en Suisse pour occuper un emploi. Mais beaucoup l’ont perdu subitement à cause de la pandémie de Covid-19, c’est notamment le cas de plusieurs femmes travaillant dans l’économie domestique. Ces personnes vivent souvent dans des logements précaires, parfois inadéquats, parfois également sous-loués à des prix prohibitifs. La raison la plus fréquente de la demande d’aide concerne le paiement de frais de logement, devenu impossible à cause de la perte d’emploi. Mais les personnes rencontrent également des difficultés à payer des frais liés à la santé, notamment les factures de prime d’assurance maladie pour le peu de personnes affiliées à l’assurance maladie. Malgré leur situation précaire, les personnes observées souhaitent, à quelques exceptions près, s’établir en Suisse. Les deux permanences ont permis d’offrir un soutien financier, une écoute et des conseils, et ce de manière très peu bureaucratique. Elles ont permis de soulager modestement et provisoirement des personnes, donc de suppléer en partie l’absence de fonds cantonal pour venir en aide aux personnes sans papiers et au secteur de l’économie domestique. Mais la distribution d’argent ne résout de loin pas l’ensemble des problèmes sociaux rencontrés, qui touchent principalement quatre domaines : le permis de séjour en Suisse, le logement, la santé et le respect des droits. Parmi les 13 pistes de recommandations, en partie inspirées par des projets développés dans d’autres régions de Suisse ou du monde, on trouve la facilitation de l’accès aux prestations sociales et de santé, notamment à l’assurance maladie et aux subsides, la mise à disposition de logements adéquats, la diffusion d’informations auprès des sans-papiers sur leurs droits (statut de séjour, droit du bail, droit du travail) et l’accès à des conseils juridiques.

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