Résumé
En s’inscrivant dans la sociologie de la réception, cet article analyse les effets de la lecture
comme support à la diffusion d’idées féministes chez les femmes des classes moyennes. En comparant
les cas de lectrices issus de deux enquêtes de terrain, l’une sur des cercles de lecture lyonnais majoritairement
féminins, l’autre sur des femmes sensibilisées aux questions de genre à Genève, nous proposons
de comprendre comment des textes littéraires, de sciences sociales ou de développement personnel
soutiennent des trajectoires de transgression, voire de subversion du genre. Ces processus sont rendus
possibles par deux formes différenciées d’appropriation des idées féministes : la contestation des normes
liées à la féminité hétérosexuelle et l’autonomisation matérielle et symbolique à l’égard des hommes.